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Lutin : Ode au Petit Lévrier Italien

Lutin


J’IMAGINE
Que tu me regardes de tes yeux pétillants de malice. Couché, au pied du noyer, tu m’observe. Tu ne me quittes pas des yeux. Tu sembles lire en moi. Je crois lire en toi.

Je n’ai pas encore bougé, pas amorcé le moindre mouvement pour me lever, que tu es déjà debout. Tu savais et je savais que tu savais. Nous jouons tous deux sur ces moments de complicité, de non dits. Devinettes à regards non voilés.
Tu t’avances vers moi, de cet air entraînant auquel tu sais que je ne résiste pas.
Mes genoux ne seront pas ta proie, cette fois. Je me lève, décidée.
Tout aussi décidé, tu sautes dans mes bras. Juste le temps de te rattraper, mais tu savais aussi que je le ferais.
Ton corps compact pressé contre ma poitrine, tu sens mon cœur battre. Tu aimes ce doux battement, lent et régulier.
Il est signe de mes humeurs, de mes forces et de mes faiblesses.
Un baiser dans le creux de ton oreille. Une caresse sur ton nez long et fin. Cela suffit. Tu te dégage et saute à terre.
Tu frétille, tourbillonne, joue de la tête et de la queue. Tu balances les épaules comme un camionneur trop sûr de lui. Tu me fais de l’épate. Tu m’emballes et je te suis.

Tes pattes, aux allures fragiles et graciles semblent ne pas toucher terre. Tu voles. Tu danses. Tel un feu follet, tu flotte au-dessus du sol.
Tu portes la tête haute et fière. Tu as, dans cette fierté, toute la magnificence de la terre qui a portée tes ancêtres.
Tu es le digne compagnon de ceux qui ont disparus, voici des siècles.
Celui qui a chassé à leur coté. Celui qui a dormis à leurs pieds. Celui qui les accompagnait dans toutes leurs marches et leurs conquêtes.
Sable et soleil chauds. Ombres de murs de pierres, protégeant les dépouilles des divins.
Vents brûlants.
Tempêtes de sable et serpents venimeux.
Tu as traversé bien des épreuves pour arriver dans mes bras.
T’ais-je mérité ? Ais-je mérité que ton lignage parvienne jusqu’à moi ? Ais-je mérité la chaleur de ton corps lorsque j’ai froid ? La lueur de tes yeux lorsque je doute ?
T’ais-je mérité, Ô Prince d’Egypte ? Toi qui descend tout droit des plus hautes dynasties.
Tes allures de roi me prennent parfois au dépourvu.
Tu es si petit. Tu sembles si fragile. Mais ce n’est qu’une apparence bien trompeuse.
Tu es capable de bonds prodigieux autant que de vitesses vertigineuses.

Mes mains se promènent sur ton corps détendus. Mes doigts dessinent des arabesques savantes sur ton poil soyeux et luisant. Ta peau fine laisse poindre les dessins de tes veines. Je vois ton cœur battre rapide et régulier.
Tes yeux en amandes semblent s’éteindre.
Mais dans un instant, tu vas bondir. Courir. Joyeux. Gai. Trait de lumière traversant la lumière.
Ta souplesse, ton élégance et ta joie de vivre font de toi un être à part.
Quelques fois susceptible.
De temps en temps taquin.
Parfois mendiant.
Souvent comédien, très bon comédien.
Toujours gai et plein d’entrain.
Ton regard tour à tour tendresse ou malice me rend chaque jour heureuse.

Toi, qui n’as peur de rien, tu m’ouvres le chemin.
Je n’aurais confiance qu’en ton assurance et ton habileté.
Oui, j’imagine te mériter moi qui sais t’aimer.

 

 

Aude ...